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Il ne pouvait se déclarer que sur cette chaîne ! 

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 Comment se déclarer :

10 conseils de Libé à Sarkozy

Un JT, un metting, un déplacement: le Président hésite sur la façon d'annoncer sa candidature. Nous lui soufflons dix idées.

Ressortir son côté bling-bling

Par RAPHAËL GARRIGOS, ISABELLE ROBERTS

Fendant les flots gris de la Seine de ses deux moteurs diesel, le Paloma a fière allure. Ray-Ban miroir sur le nez, casquette de capitaine richement brodée sur la tête, Nicolas Sarkozy, un pied sur le bastingage, se tient à la proue du yacht de Vincent Bolloré. Derrière, riant aux éclats, Carla Bruni fait du ski nautique. Le Paloma s’arrime en bas du pont de l’Alma et le couple présidentiel s’engouffre dans un Hummer recarossé en limousine. Et doré à l’or fin, ça va de soi.

Jaillissant du toit ouvrant en cristal de Swarovski, Nicolas Sarkozy apparaît et lance : «On y va, Etienne, envoie le gros son.» Etienne Mougeotte passe la première, enfile l’avenue Georges-V au son d’I Got a Feeling des Black Eyed Peas.

La limo se fraie difficilement un chemin dans la foule (l’intégralité des militants UMP rameutés pour l’occasion, apprendra-t-on le lendemain) jusqu’au Fouquet’s. Laissant dans la limousine son manteau d’hermine, le président de la République pose un pied sur le tapis rouge. Et crie à la foule : «Alors, c’est qui le candidat ?» Le peuple rugit : «C’est Nicolas !»

Bomber le torse à Benghazi

Par MICHEL HENRY

Un philosophe ami au torse chemisé de blanc, œuvrant pour la Beauté, l’Humanité et la Liberté, nous câble son idée : «Sarko doit se déclarer depuis la place de la Liberté à Benghazi, là où, le 15 septembre, il a célébré la chute de Kadhafi. En Libye, des enfants sont baptisés du nom de Sarkozy et, bientôt, il en sera de même en France. A Benghazi, je suggère que le futur président se juche sur un chameau d’où il ne descendra qu’une fois élu, le 6 mai. La reconquête part de là. Il gagnera la France par voie maritime, comme la girafe Zarafa début XIXe, avant de remonter triomphalement vers Paris, posant chaque soir sa tente dans une ville pour tenir meeting. L’engouement s’annonce terrible.»

S’avancer germain dans la main

Par EMMANUÈLE PEYRET

«Das ist ja meine Chance : dieser französische Chef der "Grande Nation" hat mir, Angela, demandiert, sa Kandidatur zu annonzieren. Warum Ich ? "Je fais rien sans toi, mein Angela, sans toi j’ai peur", und on beut le gombrendre, zum Kasspipe wiedergehen. Sarkozy als Präsident ? Ein gross Malheur, ein sehr gross Malheur für die Welt, fur Deutschland und auch fur meine Pomme : tripotieren, tripotieren, engore fünf Jahren Tripotierung von diesem franzousen Hysteriker. Was ? Zinon das ist Vlanby Hollande, achtung ! Eine SuperScheisse, ja.»

Venir loler sur Twitter

Par RAPHAËL GARRIGOS, ISABELLE ROBERTS

Elysee

Chuis candidat. Please RT.

Nadine_Morano

@EricBesson C encor 1 de tes blagues pourrites, sa ? Et c koi «RT» ?

EricBesson

@Nadine_Morano Non, Nadine, le PR est candidat. RT, ça veut dire qu’il faut le retweeter à tous tes followers.

Nadine_Morano

Hihi, voter tous Sarkozy pour kil soi élu.

Etre Goofy d’orgueil à Eurodisney

Par EMMANUÈLE PEYRET

 Un bain de foule, qu’il voulait, le super-président, comme quand il a officialisé avec le mannequin chanteur, le tout à Disney, parce que, tu vois, Disney, c’est un peu la culture française, c’est Mitterrand (l’autre, pas celui de Jarnac) qui lui a dit.

Debout, dans un joli costume blanc et doré de chez Jean Claude J3, parce que c’est la classe 2000, et ça lui fait une stature, du haut du château des promesses pas tenues, qu’y a quand même trois heures de queue. Et que je t’harangue la foule de ceux qui ont eu des tickets pas trop chers par le CE vu qu’avec la crise, Disney, c’est pas forcément la priorité, et tous ceux, légion, payés par Guéant et consort : «Mes Disneyamis, c’est moi qui vais vous emmener au manège merveilleux de la France qui dort plus du tout tellement il faudra se lever plus tôt pour gagner plus moins. Suivez-moi, mes enfants, venez jouer à Armageddon, le simulateur de catastrophe réelle, on verra tous ensemble comment ça va se passer.»

Se présenter en bête de concours chez Bettencourt

Par MICHEL HENRY

«Chers compatriotes, ici Nicolas, je vous parle de chez Liliane et, je vous le dis, cette campagne sera celle de la vérité. Je l’avoue, j’ai palpé un max en 2007, me gavant chez Bettencourt, 150 000 euros cash récupérés par Eric W. (qui veut rester discret, je le respecte, c’est un ami). Ma franchise vous étonne ? Mais vous croyez qu’on gagne le Tour de France en se shootant au jus de betterave ? Non. Idem en politique : on ne finance pas une campagne en vendant des tee-shirts. Hein, Edouard ? Alors Liliane, aboule l’artiche, on fait un nouveau tour de manège !»

Note : ce dialogue imaginaire nous paraît sujet à caution. Caution de 150 000 euros au moins.

Faire les yeux doux sur TF1

Par RAPHAËL GARRIGOS, ISABELLE ROBERTS

Alors ça, annoncer sa candidature au journal de 20 heures de TF1, personne ne l’avait vu venir… «La direction de l’information de TF1 a été la première à inviter le président de la République, indique Franck Louvrier, dircom de l’Elysée, c’est normal d’accéder favorablement à cette demande.» L’entretien sera mené par Laurence Ferrari. «Si je connais les questions ? Bien sûr que non, voyons !» s’emporte Louvrier. De même dément-il toute intervention de l’Elysée dans la déprogrammation in extremis du hit de France 3 Plus belle la vie, remplacée par un épisode de Derrick de 1982 intitulé Un événement pas banal.

Jouer l’enfant de chœur à Notre-Dame

Par MICHEL HENRY

Vous croyez qu’on change les cloches de Notre-Dame (Libération d’hier) pour quoi ? Ben pardi ! Pour fêter dans la liesse, urbi et orbi, l’annonce de la candidature dans la cathédrale parisienne, où les anges chanteront Ecce Sarko.

Les persifleurs prétendent qu’ensuite, il n’y aura plus besoin de changer de cloche : suffira de garder Sarkozy. Ces insolents vont illico finir ad patres, et ne l’entendront pas se livrer aperto libro. Ce qui ne signifie pas, manants, qu’il y aura apéro gratuit, mais qu’il parlera «à livre ouvert».

S’inviter chez les dangereux gauchistes de la rue Béranger

Par RAPHAËL GARRIGOS, ISABELLE ROBERTS

Dussions-nous y perdre nos emplois, il nous faut raconter la journée où Nicolas Sarkozy a officialisé sa candidature dans Libération. L’annonce de sa venue a fait l’objet d’âpres débats dans la rédaction quant à la récupération, après Guy Môquet et tant d’autres, d’un des symboles de la gauche. Mais toujours dans un esprit constructif : «Débat démocratique !», «Laquais du pouvoir !» «Va donc, hé, rouge-brun !» «Philippe Val est un dangereux gauchiste à côté de toi !» «Sartre fait la toupie !» «Pas ça, pas toi !» «Ça va se vendre.» Une fois le Président installé à la table du Hublot, où se tiennent les comités de rédaction, l’esprit républicain des journalistes prend tout de même le dessus et la bronca le dessous. Nicolas Demorand pose la question que tout le monde attend et le Président répond : «J’vais vous dire, moi, m’sieur Demorand, les Français, y sont comme moi, y z’aimeraient bien avoir la réponse à vot’ question alors j’vais vous l’dire sans m’dérober : oui chuis candidat.» Las, Nicolas Sarkozy avait à peine quitté les locaux de Libération que les engueulades repartaient de plus belle : la place de la photo (et pourquoi une photo ?), la publication du texte de Sarkozy (et pourquoi du texte ?), la nécessaire réponse de Hollande (et pourquoi pas Mélenchon ?). Et c’est ainsi que, le lendemain, le scoop mondial de Libération a fini en une brève de trois lignes.

S’imaginer en duo folk avec Carla

Par EMMANUÈLE PEYRET

 «En direct de l’Elysée», est-il écrit sur la télé où tous les JT viennent de s’interrompre brusquement. Point de président en cravate mais un Nicolas Sarkozy assis sur le bras de son canapé de cuir blanc. A ses côtés, Carla Bruni à la guitare fait «one, two, one-two-three» et se met à chanter : «Face aux fenêtres de ma chère Elysée / Je m’adresse à vous, mes vrais Français / Il me faut vous l’annoncer / Il va se présenter». Et le président de la République de bramer à son tour : «Pas question ma Carla de me faire porter Pal / Entre Hollande et moi même, ce sera un moindre mal / A l’Elysée, chérie, je ne peux renoncer / Il te faudra, amour, t’occuper du bébé». La ritournelle s’emballe et Carla part dans les aigus : «Impatiente et fougueuse comme son papa / Alors de l’Elysée on ne sortira pas / DVD de Dreyer, Blu-ray de Borat / Au deuxième mandat ça ne changera pas.»