BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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CONSEILS PRATIQUES (18)

 

 

LE SYNDROME DE L'URTICAIRE

(18)

 

 

 

 

PETITS CONSEILS PRATIQUES A L’USAGE

DES AGENTS D’ACCUEIL AMBITIEUX  QUI

VEULENT SORTIR DU RANG.


 

Vous êtes assis huit heures par jour, la sédentarité vous pèse, vous sclérose et vous mine.

Les tâches qu’on vous confie en échange d’un salaire ridicule sont essentiellement répétitives et fastidieuses.

Vous aspirez intensément, c’est votre droit, à des fonctions qui soient plus en adéquation avec vos capacités intellectuelles et votre QI que d’aucun s’accordent à trouver remarquable.

Vous rêvez d’être classé dans le Hit-Parade des personnalités de l’agence, de figurer dans le légumier local, de bénéficier de pouvoirs accrus, en un mot d’acquérir une petite notoriété.

Voici en vrac grâcieusement offerts par un spécialiste expérimenté, quelques petits trucs et astuces relativement simples qui ont fait leurs preuves.

Ils pourront si vous les appliquez scrupuleusement, accélérer d'une façon significative le cours du long fleuve tranquille de votre vie professionnelle et précipiter lentement mais sûrement votre avancement vers des rivages hospitaliers et gratifiants.

 

Il vous arrive quelle que soit votre fonction au sein de l'entreprise de quitter en catimini votre poste de travail, le plus souvent pour des motifs qui ne sont pas toujours très avouables : (Envie subite  de batifoler - visite de courtoisie à une collègue féminine enamourée - besoin impérieux de vous dégourdir les jambes ou tout simplement les premiers symptômes ruisselants d'une prostatite qui deviendra chronique).

A partir de maintenant quand vous abandonnerez lâchement le bureau antédiluvien qui vous sert à la fois de repose-tête, de prie-dieu et accessoirement de plan de travail, veillez, c'est très important, à emporter  sous le bras, une chemise cartonnée, de couleur voyante de préférence, à l’intérieur de laquelle, vous aurez entassé en vrac une poignée de documents sans importance.

Muni de ce viatique que vous agiterez frénétiquement dans tous les sens, vous arpenterez les couloirs en poussant de profonds soupirs et en soliloquant.

 

Vos collègues qui connaissent votre allergie congénitale au travail, se gausseront mais vos supérieurs ne manqueront pas de considérer votre attitude comme étant la conséquence naturelle d’un très grand surmenage intellectuel, ils en parleront en comité d’hygiène, en débattront et la sanctionneront inévitablement par une petite PROMOTION et une participation accrue au fonds commun (1)

 

Fidèle à cette stratégie que vous vous efforcerez de perfectionner au fil du temps et qui devrait théoriquement vous valoriser aux yeux de la hiérarchie, multipliez les déplacements inter-services, inter-couloirs, inter-étages tout en dévalant bien entendu les escaliers quatre à quatre et en brassant  l’air vicié qui circule dans les coursives.

Ponctuez ces allées et venues incessantes de sprints brefs mais intenses comme si vous aviez le feu aux fesses.

Si vous êtes patient, pugnace et tenace, vous croiserez forcément un jour ou l'autre, le chef de groupe en personne, en vertu des lois qui régissent le hasard et les probabilités.

Il remarquera nécessairement, à moins d’être sourd, muet et aveugle, cet extraordinaire dynamisme qui vous anime et vous meut.

Vous le saluerez, le souffle court, avec l’extrême onction qui sied à ce genre de politesse à supérieur et puis comme si vous étiez subitement irradié et frappé de plein fouet par la foudre, vous porterez la main gauche à votre front et la main droite à votre poitrine en poussant un soupir si profond que tout le monde croira que c’est le dernier.

 

Comme le Saint Homme ne vous connaît ni d’Eve ni d’Adam puisque que vous vous êtes volontairement confiné depuis le début de votre carrière dans l’anonymat le plus complet, il sera bien évidemment le dernier à penser que vous puissiez être un fieffé simulateur, vous vous retrouverez allongé illico, dans un pseudo coma, sur son canapé en train de respirer des sels, de goûter son whisky et de reprendre « lentement » vos esprits !

Vous lui ferez alors part, avec des sanglots dans la voix de votre surmenage intellectuel, vous évoquerez votre tension artérielle qui ne cesse de baisser et lui glisserez dans le creux de l’oreille que vous débordez  malgré cette fatigue nerveuse qui vous handicape, d’idées novatrices inexploitées parce que méconnues et boudées par des supérieurs jaloux de vos facultés intellectuelles.

De cette façon quelque peu cavalière, vous vous serez fait connaître à peu de frais, au plus haut niveau, sans passer par des sous-fifres subalternes qui répugneraient à vous citer en exemple et à vous glorifier, de peur que vous preniez leur place.

 

 

Vous bénéficierez dans un premier temps, d’un arrêt de travail bienfaisant et réparateur qui vous permettra de vous adonner pleinement  à vos passions favorites qui sont : La pêche à la ligne et la sieste.

La promotion qui suivra invariablement ayant, hiérarchie oblige, naturellement plus de poids, votre carrière renaissante bénéficiera d’une impulsion décisive !

Ainsi, de NERVOUS BREAKDOWNS de circonstance en déprimes imaginaires, vous gravirez insensiblement les escaliers de marbre qui vous mèneront vite fait bien fait au Parthénon de l’Exploitation (2) ou bien alors à contrario si vous souhaitez continuer à végéter, victime d'un sort funeste, vous dévalerez inexorablement le toboggan savonné qui mène aux catacombes du Back-Office où vous croupirez lamentablement.

Quelle que soit votre volonté d’aboutir, la nature de vos projets professionnels et la taille de vos ambitions, ayez toujours à l’esprit, qu’on ne vous jugera pas sur vos qualités intrinsèques mais plutôt sur vos capacités de soumission et votre aptitude à vous couler comme du plomb en fusion dans ce moule politiquement correct qui sied si bien aux jeunes cadres dynamiques et aux autres.

 Il vous faudra naturellement faire semblant encore et toujours d’être passionné par un travail qui ne vous passionne pas et ne vous a jamais passionné.

Même si l'envie d'être quelque peu provocateur et de vous muer en justicier vous titille, ne criez pas sur tous les toits et sur tous les tons que vous en avez ras le bol de voir la banque ne prêter qu’aux riches et  ponctionner une multitude de frais aux plus démunis et aux plus vulnérables.

Si vous avez décidé finalement en désespoir de cause par choix philosophique ou par lassitude de vous faire oublier et de vous fondre dans la mouvance du BACK-OFFICE, il vous faudra travailler durement en PLAY-BACK.

Le travail en play-back et son corollaire, l’inactivité débordante sont des notions relativement anciennes qui ont été remises au goût du jour, par un certain nombre de mauvais employés lymphatiques, dépourvus naturellement d’ambition, de mordant, de ressort et adeptes de la philosophie ZEN. (ZEN ai rien à foutre ! ZEN ai vraiment plein le cul ! ZEN sais rien  !).

Pour résumer simplement cette philosophie, nous dirons que le travail en PLAY-BACK n'est ni plus ni moins qu'une version Corse du STAKHANOVISME.

 

Ce concept qui paraît séduisant, n’a pas que des avantages, loin s’en faut et nous ne saurions trop recommander la prudence à toutes celles et à tous ceux qu’il tenterait et qui s'y adonneraient du jour au lendemain sans une préparation psychologique spécifique.

 

MISE EN GARDE :

 

L’inactivité soutenue ou débordante est particulièrement difficile à gérer et très éprouvante nerveusement.

Elle suppose une condition physique parfaite et un parfait équilibre psychologique : tout comme pour l’alcool et le tabac, l’abus d’inactivité est forcément dangereux pour la santé.

Si vous décidez néanmoins de passer outre cette mise en garde, n’attendez surtout pas de soutien ni d’encouragements de la part de vos collègues de « travail » (les bien nommés!).

Ils feront tout, soyez en sûrs, pour perturber vos périodes de méditation transcendantale et vos siestes interminables : Coups de téléphone intempestifs, réflexions désobligeantes, dénonciations calomnieuses seront votre lot quotidien.

Vous essuierez immanquablement les quolibets, les critiques lâches et veules des plus agressifs et jaloux d’entre eux qui sont intrinsèquement encore plus désœuvrés, plus feignants et paradoxalement plus payés !

 

A tout Seigneur, tout Honneur !

 

 

 

 

 

(1) Nous aurons l'occasion d'expliquer les mécanismes du fonds commun

(2) On appelait Exploitation le job des exploitants (commerciaux d'aujourd'hui), nous évoquerons également cet aspect de la banque.

 

 

 

 



06/01/2012
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