BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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CASSE TOI POV'CON (14)

LE SYNDROME DE L'URTICAIRE (14)

 

 

 

 

CASSE TOI POV'CON 

 

 

 

11 heures 58

 

Monsieur PHEDON Charles Henri jouit d’une immense fortune parce que son père jouissait d’une immense fortune et que son grand-père jouissait d’une immense fortune.

 

Il en va ainsi depuis des générations et des lustres : un arbre généalogique en or.

Accessoirement, pour son banquier et le milieu des affaires, M. PHEDON sévit dans la nébuleuse du négoce international et croyez moi ça rémunère grassement son homme.

Il apparaît quand on l’attend le moins : trente secondes avant la fermeture des portes.

 

Il affiche un mélange irritant de décontraction, de mâle assurance et de sans-gêne.

Est-ce que cette espèce d'inconscience indolente de "NEUNEU" fait partie de son patrimoine génétique au même titre que les quelques millions de KF qu'il a confié à l'agence, Henry est incapable de le dire.

Il a ses entrées privilégiées à l’EPISCOPAT et son prie-Dieu réservé en la cathédrale St CHARLES.

Il peut vous parler de MEIN KAMPF pendant des heures, il possède une édition originale des oeuvres complètes de Charles PEGUY dont il fait l’exégèse à qui veut bien l’écouter.

Il se vante également, de posséder l’intégrale de BERLIOZ, de BOULEZ, de WAGNER et de DALIDA.

Il fréquente assidûment la Gentry stéphanoise, le club PERSPECTIVES ET REALITES, le ROTARY CLUB et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un édile ou à une huile lourde.

Il se dit Chevalier du TASTEVIN, Grand Croix de la LEGION D'HONNEUR et Franc Maçon.

Il est volontiers distrait, fanfaron, un tantinet technocrate, un chouia anticonformiste et prudemment révolutionnaire.

Il a naturellement car c'est de bon ton, politiquement incorrect et IN, des idées de GAUCHE et le portefeuille dans la poche DROITE de sa veste d’alpaga délicatement cintrée.

S'il fallait qualifier en deux mots ce fabuleux Curriculum Vitae qu'il se plaît à décliner, on pourrait dire : pitoyable, ridicule et mégalo.

M. PHEDON a du bagout à défaut d'être éloquent, il se prend pour un linguiste distingué.

Il n'a pas son pareil pour émailler ses monologues insipides d'aphorismes franglais et de citations en verlan.

Cette déferlante verbale sur laquelle il surfe, n’impressionne absolument pas Henry habitué qu’il est aux brèves de guichet et aux métaphores de comptoir dont l’abreuvent les clients.

Il oublie régulièrement son chéquier, ignore délibérément son N° de compte et n’a semble-t-il aucune notion du temps qui s’écoule.

Henry jette un coup d’oeil angoissé à la pendule : 12 heures 10 et ce connard qui s'incruste comme une tique sur le dos d’un jack-russel !

 

Le fait que ce crétin congénital puisse bénéficier d'un certain crédit auprès de ses collègues féminines irrite particulièrement Henry. Elles raffolent, les folles de ce qu'elles prennent à tort pour du charisme et se laissent émouvoir par son entregent.

Elles apprécient paraît-il sa conversation et ses effets de manche quelque peu surannés.

Bref elles craquent toutes.

Objectivement, il est chétif, court sur pattes et des séjours prolongés au brunissoir, au sauna ou en balnéothérapie ne pourront améliorer son physique relativement banal et quelconque. C’est une loi naturelle de l’esthétique dont nous sommes tous plus ou moins les victimes.

Il se croit évidemment paré d’une aura irrésistible, il  s'érige en pourfendeur d’iniquités et en redresseur de torts.

En fait, il n'est qu'un grand charitable de salon, un enfonceur de portes ouvertes, un clown triste, un justicier timoré de série B, un chevalier à la triste figure, un "sodomiseur" d'acariens, ruisselant de vanité, de fatuité, d'imbécillité et d'intolérance,  il représente tout ce qu'Henry déteste chez les parvenus.

Il ne possède même pas cette fameuse beauté intérieure qu’on accorde habituellement par charité chrétienne à tous les connards disgracieux et autres canards boiteux de la planète.

Il fait preuve : cerise sur le clafoutis, de cette arrogance que donnent le pouvoir et l’argent à ceux qui sont bien nés. S’il fallait user d’un raccourci téméraire pour le définir, on dirait que c’est une enflure.

 

Visiblement en verve et en veine de confidences, il s’attaque en prenant à témoin les employés médusés, à la  constitution de la 5ème république, au génocide du peuple arménien, à la dernière encyclique du pape puis brocarde dans la foulée, la municipalité de gauche, les brigades rouges, le Beaujolais nouveau et l’IVG.

 

On peut apercevoir le capot effilé de sa LAMBORGHINI Espadon garée en vrac à proximité, au pied des escaliers de l’hôtel de ville.

Il refuse ostensiblement le stylo que lui tend un fondé de pouvoir obséquieux et s’aperçoit après avoir fouillé et retourné toutes ses poches, qu’il a égaré le sien.

 

Il dédaigne le cendrier et écrase avec une nonchalance calculée, du bout du pied, la CAMEL allumée, trente secondes auparavant.

 

Il peste, il enrage, il s’émeut, il élucubre, il diatribe, il jongle avec les mots au mépris de leur syntaxe.

 

Il se prend pour un virtuose de la sémantique, il atteint péniblement de petits sommets d’élocution desquels il ne consent à redescendre que pour jurer comme un charretier.

 

Il a un besoin urgentissime de 15 000 Francs, en grosses coupures de préférence !

Il signe sans le voir le chèque qu’Henry lui tend, se souvient soudain après avoir jeté un oeil sur sa rolex qu’il a un rendez-vous incontournable qui ne peut attendre et s’éloigne en courant tandis que l’hôtesse, encore sous le charme de son after-shave se lance à sa poursuite en criant :

 

« M. PHEDON ! M. PHEDON ! vous oubliez votre argent ! »

 

 

Nous ne nous étendrons outre mesure sur le volume impressionnant de ses avoirs contrôlés, ça fait peur.

On le bichonne, on le cajole, on lui fait des ronds de jambe, on le complimente sur sa bonne mine et sa prestance. Plus flagorneur, tu meurs !

Il est bien entendu hors de question de lui ponctionner le moindre centime de  frais, on déroule le tapis rouge sous ses boots made in London.

Selon que vous serez puissant ou misérable . .

 

 

 

 (A SUIVRE) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




27/12/2011
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