LE SYNDROME DE L'URTICAIRE

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LE SAT

(Service d’Accueil Téléphonique)

Le Service d’Accueil téléphonique, précurseur des plateformes du même nom qui apparaîtront plus tard fut créé peu après l’an 2000 pour centraliser et traiter dans la mesure du possible les communications téléphoniques émanant des clients de toutes les agences du Groupe BNPPARIBAS.

Le but de la manœuvre était de faire croire au client qu’il était bien en communication avec son agence, de traiter son problème et de répondre à ses questions.

A l’époque, il n’était pas du tout question de lui vendre quoique ce soit, les choses ont bien changé depuis.

Ces communications dans un souci d’efficacité devaient être traitées vite fait bien fait ou transmises en dernier ressort à l’agence gérant le compte du client,  pas question de s’épancher dans le combiné.

Henry Plotter fut nommé Superviseur du SAT.

En théorie, le Superviseur devait s’assurer de la fluidité du trafic téléphonique, de la brièveté des communications et des temps de pause des CAT (Chargés d’Accueil Téléphonique), il pouvait même intervenir en direct dans toute communication lui paraissant suspecte ou débordant du cadre strict de la banque,  il était en outre chargé de mettre en équation et en statistiques les chiffres crachés par un ordinateur dédié.

En réalité et il ne pouvait pas en être autrement, ce fut un joyeux bordel, ce PC dédié aux statistiques qui était équipé d’un lecteur de CDROM fit office de platine de disc-jockey et croyez moi, il ne diffusa pas que de la musique de chambre !

Il va de soi que nos Chargés d’accueil téléphonique ne se contentèrent pas d’écouter religieusement tous les tubes des années 80 en parcourant la presse People ou Sportive, ils  s’appliquèrent à bien faire ce pourquoi ils étaient payés : Répondre avec beaucoup de tact, de patience et de pertinence aux questions des un et aux réclamations des autres.

Henry donna à ses troupes une consigne très simple : Pas de vagues de façon à ne pas attirer l’attention de la hiérarchie et pouvoir continuer à se faire du lard dans ce havre de paix et de tranquillité à l’écart des turbulences.

On n’était pas là pour se faire engueuler !

Dès l’instant où l’on mettait ensemble quatre femmes dans un même service, on savait  que leurs conversations tourneraient inévitablement autour de problèmes domestiques (Troubles menstruels, épilation, syndrome ménopausique, on en passe et des meilleures) dont les mâles présents n’avaient que faire, ils s’en accommodèrent finalement au prix d’un gros effort de concentration : H.M somnolant et Henry versifiant. 

Le SAT était constitué d’une équipe de 9 volontaires venus d’horizons différents :

Par ordre alphabétique :

G.B était basé au Secrétariat Engagements, il s’efforça de mettre ses connaissances et sa bonhomie au service du S.A.T, il est toujours en activité du côté de Clermont-Ferrand.

F.C venue tout droit de l’OIM (Organisation Informatique et Moyens), discrète, charmante et efficace 3 jours sur 5 puisqu’elle était à temps partiel a du quitter la banque pour des problèmes de santé.

C.D qui avait quasiment connu la préhistoire du service Engagements était aussi à l’aise dans les arcanes du service Crédit que dans l'interprétation d'une synthèse clients, s’est retirée à St Raphaël où elle fait dorer son corps de sexagénaire.

T.D connue pour avoir un caractère bien trempé et de la répartie cinglante fit preuve contre toute attente d’une courtoisie extrême, elle est toujours en activité comme hôtesse d’accueil .

MJ.L détachée du service virements, passionnée de cuisine fut en quelque sorte le Bocuse en jupon du SAT, c’est à elle que revint la délicate mission d’organiser les casse-croûte et notamment le repas de clôture qui présida à la fermeture du SAT

H.M Sorte de Pierrot Lunaire, retranché dans sa  bulle, roulait ses cigarettes avec une espèce de machine infernale tout en cherchant les combinaisons gagnantes du tiercé, grand amateur de série noire et gros consommateur de polars, il lui arrivait très souvent de s’assoupir, il nous a quittés pour toujours, peu à près la fermeture du SAT, victime d’un gros coup de Blues et d’une balle dans la tête.

M.P souriante et joviale, c’était un peu la mère de tous les chargés d’accueil téléphonique, toujours prête pour une bonne bouffe et une bonne blague, vit retirée en Haute-Loire avec son mari , ses poules et son chien.

M.T, issue de l’équipe volante mit tout de suite malgré de trop rares apparitions, sa gouaille, sa gentillesse et son accent auxerrois inimitable au service de toute l’équipe elle est aujourd'hui retirée en Bretagne avec son mari qui travaillait également à la BNP.

HENRI PLOTTER qui avait subodoré en se portant volontaire, le côté pépère du JOB, décomptait patiemment les jours qui le séparaient de la préretraite, il  profita de son passage au SAT pour écrire ses plus beaux poèmes et pour s’adonner à la méditation.

Une anecdote résume parfaitement l’ambiance qui régnait :

En effet, tous se souviendront longtemps de cette cliente débitrice chronique qui avait un pied dans l’Interdiction Bancaire et l’autre dans le sable chaud du Maroc puisqu’elle appelait de DJERBA où elle était en villégiature !

C'est C.D qui reçut l'appel :

Ne connaissant pas son N° de Compte, elle s’indignait avec véhémence de la lenteur avec laquelle le Chargé d’Accueil traitait sa question.

"On voit bien que c’est pas vous qui êtes ici et qui payez le téléphone ! ! ! !"

En ce temps là mon bon Monsieur c’était pas la crise, juste une petite fracture sociale , les « Pauvres » avaient de l’aplomb à défaut d’avoir de l’argent !

(A SUIVRE LES PERLES DU SAT)