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LE SYNDROME DE L'URTICAIRE

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LA POLLUTION AU GUICHET

 Placé comme il est, aux avant-postes sur la ligne de front des guichets, l’agent d’accueil se prend dans la figure et de plein fouet : récriminations, réclamations, doléances, insultes, moqueries, railleries et quolibets : c’est son lot quotidien.

Il est interpellé plus souvent qu’à son tour par des clients névrosés qui postillonnent en réclamant parce "qu’y a encore une ERREUR" ! Et que "les RELEVES ne sont toujours pas arrivés et que ça ne va plus du tout et que si ça continue on solde tout et qu’on va voir ailleurs à la concurrence" ! "Et que c’est un scandale" ! 

Il est pris sous le feu croisé de catarrheux, de bronchiteux asthmatiformes qui vitupèrent, crient leur colère, leurs doléances et leur rancœur comme autant de casus belli pleins de hargne. 

Il est nettement plus exposé aux bactéries et aux virus qu’un brancardier du SAMU ou qu’un Médecin Sans Frontières  en urgence humanitaire en Ouganda.

Impétigo, verrues, purpura, blastomycose, herpès et autres dermites guettent sournoisement son épiderme immaculé et blanchâtre de jeune employé de banque pubère.

 Il manipule à longueur de journée, des billets sales, écornés qu'il faut radiographier pour séparer le bon grain de l’ivraie  et s’il soupçonne un client de blanchiment, il doit se comporter en délateur ! Il est condamné à respirer à pleins poumons toutes les haleines fétides, les odeurs âcres et rances de fond d’alambic, d’aisselles poisseuses et transpirantes : mélange écœurant de vinasse, de tabac froid et de sueur.

 Il s’imprègne à pleines narines, d’effluves marins puants, il essuie sans sourciller comme autant de gifles brutales, les rots d'après déjeuner : cocktails puissants et odoriférants de toutes les senteurs nauséabondes que l’air pulsé du climatiseur colporte et brasse.

L’INFLUENCE DES MAREES

D’EQUINOXE

SUR

LES HAUTS DE BILAN

(Petite Chronique Savante Imaginaire)

Les chroniques économiques ont toujours passionné Henry PLOTTER, il consacrait d’ailleurs plusieurs heures par jour à leur lecture, fasciné qu’il était par la dialectique et le vocabulaire pointu des experts qui ont l’art d’écrire pour ne rien dire ce qui représente déjà en soi une performance étonnante.

Voici donc l’éditorial bling-bling et imaginaire d’Eugène DOUCET-LEVY MORNIFLE chroniqueur économique à la Gazette de PLOUGASTEL.

- Si l’on considère d’un point de vue strictement abstrait, le ratio théorique et abscons que constitue le quotient des montants compensatoires accordés par Bruxelles aux pêcheurs de Bigorneaux du pays Bigouden par la moyenne pondérée de l’indice du coût de la construction navale des trente dernières années, force est de constater qu'il existe une distorsion considérable entre ce que devrait être théoriqement ce ratio et ce qu’il est en réalité.

- Certes, quelques impondérables conjoncturels ainsi qu’un certain nombre de synergies circonstancielles, sont intervenus ponctuellement et ont pesé manifestement très lourd dans la balance.

Ils n’ont fait qu’accélérer le lent processus de dégradation d’une situation déjà bien compromise, situation dont la gravité a été malheureusement sous-estimée par les économistes et les hommes politiques, qu’ils soient de bâbord, de tribord et d'une façon générale de tous bords.

- Les fluctuations aléatoires et désordonnées de la masse monétaire conjuguées à un certain nombre de dysfonctionnements chroniques qui ont frappé de plein fouet un marché viscéralement prompt à anticiper la moindre rumeur, ont produit une série de turbulences exogènes dévastatrices dont les effets endogènes se sont fait durement ressentir dans le landernau de la conchyliculture.

- L’épizootie qui a frappé durement en août, les parcs à bigorneaux de la côte d’Armor n’a fait qu’accélérer et conforter le processus déflationniste qui gèle actuellement les investissements, dégonfle les hauts de bilan, transforme les cash-flow en minables petits ruts et rend les banquiers extrêmement frileux.

- Un malheur n’arrivant jamais seul, les variations impromptues des taux directeurs ont induit des dérives incontrôlables de la masse monétaire dont les conséquences à long terme sur le PNB des pays émergents ont évidemment difficiles à prévoir.

- Il suffit d’ailleurs de coucher en abscisse sur un papier millimétré, la production brute de bigorneaux des six derniers mois et en ordonnée l’indice semestriel du coût moyen de chalutage corrigé des variations saisonnières rapporté au plus fort coefficient de marée pour obtenir une courbe descendante dont la forte pente inquiète fortement le marché.

- La forte tempête qui a sévi tout au long du mois de septembre a généré quant à elle, un effet de ressac en profondeur qui a perturbé le processus de reproduction des bigorneaux qui copulent avec efficacité comme chacun le sait par mer calme : les mâles ballottés en tous sens par la houle n’ont pu asperger avec précision comme ils auraient du le faire, les femelles de leur semence. Ces coïts interrompus ou ratés ont entraîné des taux de mortalité pouvant aller jusqu’à 85 %.

- Ce manque à gagner n’a fait qu’aggraver, cela va de soi, le surendettement endémique dont sont victimes les mareyeurs depuis de nombreuses années.

- Le ministre de la mer, M. Pierre-Louis De La Hune Beauzac a présenté aux élus locaux et aux professionnels un plan d’urgence en trois points.

Il a d’autre part laissé entendre qu’un grand schéma directeur dont il a esquissé brièvement les contours, serait mis en place, progressivement au niveau des collectivités territoriales avec l’aval des instances communautaires.

Faut-il dramatiser et se laisser gagner par le pessimisme ambiant ?

- Pas nécessairement ! Ont répondu quelques personnes sondées pour le compte du Figaro Magazine.

Acceptons en l’augure.

Nous laisserons quant à nous, le mot de la fin au jeune Mouloud Hismouche, mousse à bord du langoustier « L’Insubmersible » basé à Plougastel :

Nous l’avions interrogé pour connaître son sentiment sur les problèmes que rencontrent les conchyliculteurs et pour faire un point par la même occasion sur son devenir personnel.

Il nous répondit alors sans sourciller avec l’aplomb qui caractérise l’exubérante et insouciante jeunesse du pays bigouden : « Ta mère en tongues et en ciré au Prisu !»

Pour prouver une fois de plus que bien souvent la réalité dépasse la fiction et qu’on n’est jamais aussi mal servi que par les siens, voici un petit texte authentique relevé sur le site de formation de la BNPPARIBAS qui n'est accessible qu'aux employés :

- http://espaceformation.hr.echonet. Rubrique « Bourse aux Savoirs », la bien nommée.

Il traite savamment comme vous pourrez le constater, en quelques lignes bien senties de la définition du Risque (aucun mot n’a été ajouté ou retranché, la ponctuation a été respectée intégralement).

« Pour une transaction bancaire dont la finalité pour la banque qui la conduit s’exprime par un résultat attendu ou espéré, le risque se situe dans un contexte, relatif à un client ou une contrepartie ou aux marchés, dont l’évolution dans le temps comporte la possibilité d’occurrence d’un événement indésirable qui, s’il se matérialise, rend irréalisable le résultat attendu ou espéré est source d’une perte réelle pour la Banque.

Lorsque le contexte change, cette possibilité évolue en pouvant soit disparaître, soit augmenter ou diminuer, la perte n’étant alors qu’une perte potentielle qui ne devient réelle que si événement indésirable se produit effectivement. » (1)

On croit rêver ! Pourtant c'est vrai, ce texte surréaliste est STRICTEMENT AUTHENTIQUE !

Quand on pense que l’illuminé qui a pondu ces lignes gravite peut-être encore dans ce qu’on a coutume d’appeler les plus hautes sphères et qu’il a des responsabilités, on est en droit de se poser des questions !

 (1) Depuis ce morceau d’anthologie a disparu du site . . . On comprend pourquoi !

(A SUIVRE)