BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

LE SYNDROME DE L'URTICAIRE

 (37)

LE PRESSE - BIT

Suite de la Conférence magistrale du Professeur

Ernest SOKOLOV

Ingénieur à GRENOBLE

Je voudrais maintenant vous toucher deux mots du clavier, accessoire Ô combien précieux et utile sans lequel vous ne pourriez pas communiquer avec votre ordinateur.

En préambule, il faut savoir que le décodage de ses touches se fait tout simplement selon le bon vieux principe  de la bataille navale.

Quand vous appuyez délicatement ou sauvagement, selon votre humeur du moment, sur une touche pour activer par exemple la fonction RETURN (Entrée ou Validation), vous réveillez en sursaut la matrice de décodage qui sommeillait sur sa couche tiède de Bakélite.

Un léger frisson la parcourt des colonnes jusqu’aux rangées, les signaux logiques qui guettaient impatiemment cette impulsion annonciatrice d’effervescence, s’ébrouent et s’égayent alors, comme une volée de moineaux  pour se précipiter comme un seul bit, sur la puce d’interface : la célèbre puce "encodeuse".

En cerbère impitoyable, elle vient en un dix millième de seconde d’identifier la victime de l’attouchement, en l'occurrence la touche RETURN dont nous parlions plus haut, elle émet le signal binaire correspondant, sous la forme d’un octet (8 bits - Exemple : 1 0 0 1 1 0 1 0) dont s’empare goulûment le microprocesseur pour le ranger temporairement en RAM (mémoire vive et volatile), l'instruction correspondant à la touche RETURN est exécutée illico presto.

 ETONNANT NON !

Le clavier, comme tous les organes d’entrée ou de sortie qui sont plus connus sous le nom de périphériques, possède sa propre adresse. (En cas d’urgence, ses amis savent toujours où le joindre).

Il est de surcroît relié aux bus de données et de commandes qui innervent le circuit imprimé.

On peut comparer un bus à une autoroute qui possèderait 8 voies ou plus, selon la puissance de l’ordinateur.

Sur cette autoroute, 8 bits (1 0 1 0 0 1 1 0) ou plus, peuvent circuler de front pour se rendre le plus rapidement possible aux divers endroits où ils sont appelés en consultation pour affaires les concernant.

 Ils le font d’autant plus vite que sur les Highways de l’informatique, la vitesse n’est limitée que par les capacités du microprocesseur.

A la BNPPARIBAS comme ailleurs, on peut être le plus sophistiqué des microprocesseurs et n’en demeurer pas moins fort civilisé, courtois et affable avec son entourage.

L’incommunicabilité des êtres est un phénomène qui n’a pas cours au royaume du séquentiel et du logiciel et c’est une bonne chose pour le déroulement harmonieux des programmes informatiques.

On échange des idées, des codes, des algorithmes, de bons bits, de bons octets, on dit franchement et sans détours, le fond de sa pensée et de sa R.A.M et ça baigne dans la convivialité !

Un certain nombre de puces qu’on appelle puces d’interface, spécialement conditionnées et entraînées, sont chargées pour l’essentiel des relations extérieures et de la communication : elles s'affairent à convertir les signaux binaires (1 ou 0), que reçoit le computer en signaux électriques et vice-versa.

D’autres puces qu'on pourrait qualifier de stakhanoviste, convertissent à longueur de journée, les signaux analogiques en signaux électriques.

D’autres encore s’adonnent à des tâches subalternes, elles sont aux ordinateurs ce que les "techniciennes de surface » sont aux sociétés de nettoyage.

Bref, tout ce petit monde s’agite, s’active et se démène à la vitesse de la lumière au rythme des signaux analogiques et numériques.

Il me semble déceler comme une lueur d'étonnement dans certains regards, je sens que vous allez me demander : Mr SOKOLOV, qu’est-ce qu’un signal analogique ?

Et bien, Mesdames et Messieurs, sachez que vous émettez en permanence, sans vous en rendre compte, de magnifiques signaux analogiques.

Saviez vous que le thermomètre médical que vous placez par exemple sous votre aisselle, un matin d'hiver et de grippe, délivre un  magnifique signal analogique dont la caractéristique est la permanence (il n’est pas haché.) et dont l'amplitude varie avec votre température, tout simplement.

On pourrait penser étant donné l’étymologie du mot analogique que les signaux du même nom ne sont que la traduction informatique des variations de votre température rectale, pas tout à fait mais vous allez tout de suite comprendre où je veux en venir :

En effet, si vous êtes un ou une fanatique d’informatique et que la scatologie ne vous rebute pas, ce dont nous ne doutons pas et si vous souhaitez visualiser sur écran, pendant vos heures de travail, les variations de votre température rectale, vous le pouvez si vous avez quelques notions de bricolage et de soudure  grâce à un petit appareil ingénieux (1) relié à votre chaise et à une puce d’interface appelée Convertisseur Analogique Numérique (C.A.N).

Vous pourrez notamment vous rendre compte de visu, grâce au signal analogique (le bien nommé) des variations de température qui ne manqueront pas de se produire selon que vous vous adonnez à une sieste royale ou que vous vous échinez à monter un dossier de crédit.

Vous pourrez également visualiser la fameuse fièvre du vendredi soir qui s’empare de tout employé normalement constitué à l’approche du week-end.

Une impression des sinusoïdes de votre température rectale vous permettra d’argumenter en faveur d’un allégement de votre charge de travail lors de la discussion de votre P.F.I (3) avec des supérieurs hiérarchiques qui sont comme chacun le sait de grands manipulateurs de T.R.T.(4)

Et le signal numérique dans tout ça me direz vous ?

Evidemment, les touches du clavier d’un ordinateur n’émettent de signaux électriques que dans la mesure où elles sont enfoncées. 

Quand elles sont au repos, elles n’émettent rien.

(1) les plans détaillés de cet appareil seront fournis gracieusement par l’auteur à toute personne qui pourra prouver qu’elle a lu le syndrome de l’urticaire.

(2) Imprimante de Validation Unitaire

(3) Plan Formation Individuel

(4) Tableau de Répartition des Tâches

Ce comportement délicieusement caractériel du clavier que n’aurait pas renié Lapalisse est caractéristique de tout signal numérique qui se respecte !

Il est très facile d’imaginer un signal analogique qui n’est en fait qu’une ligne continue qui ondule et se contorsionne par opposition à un signal numérique qui n’est qu’une succession de tirets plus ou moins longs et plus ou moins espacés.

Comme le microprocesseur ne peut traiter (c’est dans ses gènes) que des signaux numériques, toute information analogique (température, vitesse et bien d’autres encore) qu’il est chargé de quantifier devra passer sous les fourches caudines du convertisseur Analogique Numérique qui la mesurera plusieurs milliers de fois par seconde de façon à ne pas en perdre une miette, la convertira en 1 et 0  qui seront transmis au Microprocesseur

Vous ne pouvez pas vous imaginer tout ce qui se trame et se déroule à votre insu dans ce boîtier de ferraille beige qui vous sert de repose-pied et que les puristes appellent desktop

Ce qui est sûr c’est qu’une telle débauche d’énergie et une telle effervescence étaient difficilement concevables pour un certain nombre d’employés lymphatiques dont Henry Plotter, génétiquement frappés d’inhibition, d’impuissance et de grosse fatigue devant l’ampleur des tâches quotidiennes qu’ils avaient à accomplir (cf. travail en play-back).

Un dernier point : Les bits représentant les signaux électriques qui traduisent une donnée, exemple : 1 0 0 0 1 0 0 1 parcourent le microprocesseur par équipes de 8, de 16 ou de 32 selon la puissance de la bête, sur les fameuses autoroutes dont je viens de vous parler, chacun occupant une piste distincte. On dit qu’ils se déplacent en PARALLELE.

Cependant, dans certains appareils plus anciens ou moins sophistiqués qui disposent d’un réseau de pistes moins dense, les mêmes signaux ne peuvent circuler qu’à la queue leu leu sur une seule piste, on dit qu’ils sont en SERIE.

Par conséquent et en vertu de ce qui précède, quand on accouple deux appareils : Ordinateur et Imprimante par exemple, c’est une puce d’interface qui se charge de la conversion des signaux échangés de façon à ce que ces deux appareils puissent se comprendre et dialoguer, of course . . . .

EST-CE QUE TOUT LE MONDE  A COMPRIS ?

( A SUIVRE)