BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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SALE TEMPS SUR LA FINANCE (11)

 

 

LE SYNDROME DE L'URTICAIRE (11)

 

 

 

SALE TEMPS SUR LA FINANCE

  

10 heures

 

- Bonjour !

- Bonjour, ça va ?  Et vous ?

- Moi ça va, ça va, mais c’est le temps qui va pas ! Ben mon "Belet" qu’est-ce qu’y fait froid ce matin !

- Ca caille ! C’est vrai !  Mais remarquez bien  y z’avaient annoncé.

- C’est vrai ! Enfin c’est sain comme temps. J’vois c’matin à 6 heures y avait plus que moins huit à la Métare ! Pourtant c’est plein sud !

- Ouais et y z’ont dit que ça allait pas aller en s’arrangeant !

- R’marquez qu’cest un temps d’saison !

- Y faut bien qu’les saisons s’fassent, on a beau dire mais y a rien à y faire !

- Qu’est-ce que vous voulez, on n’a pas eu d’été c’t’année !

- Ouais c’est vrai mais on l’ paiera encore en Mai ou en juin !

- Enfin c’est bien embêtant  pour tout l'monde et surtout pour tous les jardins !

- Ah et si on rev'nait à nos moutons !  J’voudrais savoir, tant qu’j’vous tiens, si la paye de mon mari est tombée sur le compte ?

 

C’est fou ce qu’en huit heures de temps, Ernest peut enregistrer de doléances au sujet de la météo : c’est un sujet bateau sur lequel les clients aiment à naviguer.

 

Auditeur privilégié de ces brèves de météo où s’échangent à la volée, lieux communs et banalités, il s’est constitué, un peu comme on constitue son épargne au fil du temps, un patrimoine de modèles météorologiques qui n’a rien à envier aux archives de Météo France, il l’enrichit constamment au gré des éléments qu’il recueille.

A défaut d’être devenu un spécialiste reconnu des placements financiers, il a acquis par défaut,  un certain nombre de connaissances étonnantes en climatologie.

 

Ses bulletins font autorité dans la maison, ne le dit-on pas capable de prévoir l'arrivée d'une perturbation ou d’un anticyclone rien qu’en palpant un billet de cent francs !

 

A force d’entendre parler du temps qu’il fait, qu’il a fait, qu’il va faire, qu’il aurait du faire, de la neige grasse qui tient, de la pluie qui glace, de la glace qui fond, de l’humidité qui transperce le quidam ou de la traîtrise du verglas, Henry PLOTTER curieux de nature a pu effectuer, toute une série d’observations à caractère scientifique sur un certain nombre de comportements toujours inexpliqués de la clientèle, comportements dont il a été le témoin privilégié.

 

 

Il en a déduit empiriquement, que l'affluence au guichet était inversement proportionnelle à la dégradation des conditions atmosphériques :

Autrement dit,  plus les éléments sont déchaînés, plus il y a de clients.

On pourrait raisonnablement penser que tous ces gens qui débarquent en cohorte un jour de pluie, n’ont qu’une hâte : celle de se mettre à l’abri :  c’est faux ! 

 

 

Les chèques, les doléances, les coupons, les relevés de compte forcément erronés, les récriminations, les réclamations, les réflexions acides,  les questions insidieuses fusent, jaillissent et s’abattent sur les malheureux guichetiers qui pensaient, à cause de ces intempéries providentielles, s’adonner à une sieste royale.

En fait, ils sont pilonnés et harcelés sans relâche.

Paradoxalement, dans cette bataille homérique de chiffonniers, ce sont les personnes les plus âgées qui manifestent le plus de hargne, d’agressivité, de haine et de pugnacité, elles jettent alors leurs maigres forces dans des querelles byzantines à propos de choses insignifiantes.

 

Elles en oublient tous leurs maux : haro sur la banque qui supprime les livrets ! Qui fait encore des erreurs ! Qu’on fait la queue ! Qui n’envoie pas de relevés ! Qui n’a qu’à embaucher ! Que ça fera des chômeurs en moins ! Qui ne donne pas ou plus de calendrier ! Qu’on va quitter si ça continue !

 

Ce comportement quasi-suicidaire du 3ème âge par overdose d’adrénaline est assez remarquable et symptomatique.

Henry a donc tiré de ces réactions ponctuelles et épidermiques de la clientèle un principe inspiré de celui d’Archimède et qu’on connaît depuis sous le nom de principe de PLOTTER :

 

Tout client de la BNP surpris par une situation météo extrême : tempête de pluie, de neige ou de grêle, reçoit dans le dos une poussée X, extrêmement violente, égale au carré Y de l’intensité du grief qu’il a toujours en réserve à l’intention du directeur ou du personnel de l’agence à laquelle il appartient.

Cette poussée X le précipite à une vitesse V à l’intérieur de cette agence d’où il ne consent à ressortir qu’à l’instant T fonction de Y : (X=Y2*V/T).

Cette découverte d’Henry, il faut savoir « raison garder », ne remet absolument pas en cause les fondements de la gravitation universelle ou les lois qui régissent la pesanteur. S’il fallait illustrer ce phénomène d'une manière simpliste, on pourrait dire qu'entre un troupeau de phacochères agglutinés aux rives d’un oued en crue et ce conglomérat bourdonnant de clients excités et paranoïaques qu’on retrouve au guichet un lendemain de fête carillonnée (1), il n’y a aucune différence fondamentale si ce n’est le nombre de pattes.

 

Mlle Mireille CLITOUNET est péripatéticienne de son état. (2)

Elle ne figure pas dans le fonds de commerce d’Henry et il le regrette amèrement.

Elle est bâtie comme une Walkyrie d’opérette : visage taillé à la serpe, bouche en cul de poule, lèvres pulpeuses, siliconées copieusement enduites d’un rouge violacé, cheveux décolorés raides et gras.

Les jours qui passent et les passes redoublées ont déclenché très tôt chez elle, le processus de l’irréparable outrage.

Son abdomen est aussi volumineux qu’un airbag de MERCEDES, ses hanches extra larges se sont développées et fortifiées au rythme de va et vient incessants.

Marketing oblige, elle ne porte pas de soutien-gorge, ses seins ronds, lourds débordent du corsage et pendent lamentablement, victimes à la fois de succions à répétition et de la pesanteur.

Il lui arrive de les déposer comme une sainte offrande sur le guichet en attendant son reçu à la grande joie de tout le personnel et des clients présents.

(1) Les célèbres fêtes carillonnées chères aux employés de banque qui appréciaient surtout leur veille après-midi chômée.

 

(2) Authentique - elle versait effectivement des espèces et des chèques - est toujours en activité en l'an 2009

 

Elle sévit dans le commerce des sens.

 

Malgré les prémices d’une décrépitude physique qui entraîne une baisse inexorable de son potentiel et de son rendement, on peut dire que ses affaires sont relativement prospères.

Elle verse à profusion espèces et chèques !

Henry et ses collègues ont établi à la suite de patients recoupements, une liste des clients qui ont recours régulièrement à ses services mais par respect de la déontologie et du secret professionnel, elle ne sera pas publiée.

Son chiffre d’affaires est comparable à celui d’une P.M.E.

 

C’est une stakhanoviste  du dunlopillo, elle pratique un tarif unique plutôt raisonnable : cent francs tout compris. (3)

Bien qu’elle vive en quelque sorte de pseudo royalties, Ernest l’a surnommée affectueusement la « Raie Publique ».

 

Elle possède, de par la nature de ses revenus qui sont essentiellement occultes, un gros paquet de bons anonymes.

Henry répète à l’envi qu’il n’a qu’un fantasme et un seul quand il la voit : lui placer un Terminal Point de Vente sponsorisé par le GIE Carte Bleue et baptisé naturellement point PUBIS, par analogie au non moins célèbre Point RUBIS où se pressaient les premiers porteurs de cartes pour retirer du liquide.

 

 

(3) Six EUROS.



23/12/2011
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