BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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LE SYNDROME DE L'URTICAIRE - PREFACE (1)

LA REDACTION DE BREVES EN FOLIE

 

 

PRESENTE 

 

 

 

LE SYNDROME

DE

L’URTICAIRE

 

  

 

 

 

Mémoires de guerre d’Henry PLOTTER ancien employé de Banque Lambda qui débuta une brillante carrière dans la finance pour l’achever non moins brillamment par une retraite bien méritée.

 

 

 

 

 

 

Henry PLOTTER fut successivement

 

 

  

 

Chargé de COMPENSER (1)

CAISSIER PRINCIPAL

DEMARCHEUR


GUICHETIER


CAISSIER RAPIDE


PILOTE de M.A.T.C (2)


Redresseur d’EXTRA-COMPTABLES (3)


FAISEUR D’IPL(4)


CHARGE D’ECOUTES TELEPHONIQUES (5)


CHERCHEUR chez « N.P.A.I » (6)

Au CNEP (7) puis à la BNP qui devint BNPPARIBAS.

Médaille d’argent du Travail (8)

  

 

(1) Fréquenta assidûment à ses débuts la célèbre Chambre de Compensation où les  banques de la place s’échangeaient chèques et effets de commerce.

(2) Machine infernale à Trier les Chèques

(3) Célèbres données informatiques qui contiennent des renseignements à caractère confidentiel sur les clients et sur les caractéristiques de fonctionnement de leurs comptes.

(4) Opération qui consiste à relancer un serveur informatique en appuyant sur un bouton.

(5) Service d’Accueil Téléphonique, ancêtre des plateformes du même nom.

(6) NPAI : Abréviation désignant des clients qui n’habitent pas là où ils devraient habiter.

(7) Comptoir National d’Escompte de Paris

(8) Contrôlé Positif au Quinquina de déménageur, s'est vu refuser la médaille d'or.

 

  


 

AVERTISSEMENT

Sans frais (exceptionnellement)

 

 

Les personnages qui sont décrits ont réellement existé et les dialogues ou réflexions rapportés dans ce recueil de souvenirs, sont fidèlement retranscrits.

 

Certains des faits qui se sont déroulés, il y a une vingtaine d’années, peuvent paraître farfelus ou invraisemblables : ils sont absolument véridiques et de nombreux témoins  de l’époque encore en activité mais qui possèdent néanmoins toutes leurs facultés, peuvent attester de leur véracité, nous sommes évidemment à dix mille années lumière de l’univers de Jérôme KERVIEL qui officiait dans une autre galaxie chez un concurrent.

 

Les citations et dialogues qui émaillent cette saga du secteur tertiaire ont été reproduits dans leur intégralité, sans ajouts ni fioritures, ils ont été incorporés dans ce carnet de souvenirs tels quels : bruts de décoffrage.

 

La syntaxe des transactions informatiques est garantie d'époque et certifiée

« LOGABAX » (X)

 

L’auteur a bien évidemment attribué des pseudonymes aux différents personnages qu’il a cotoyés et qui vont défiler tout au long de ce récit.

 

Il reconnaît bien volontiers avoir fait de la peinture de mœurs au vitriol et du ravalement de faciès à la truelle. Il certifie cependant que les portraits brossés, les caractères dépeints sont dans l’ensemble relativement conformes à leur modèle.

 

Il remercie vivement toutes celles et tous ceux qui se sont métamorphosés gracieusement en pourvoyeurs de perles, photocopies et documents divers. Ils furent en quelque sorte ses correspondants de guerre,  qu’ils soient affectés sur le front agité du guichet ou planqués à l’arrière dans les services administratifs : les célèbres Bak-Offices.

 

 

 

 

Les critiques de l’Establishment qu’il formule ici ou là, n’engagent évidemment que lui : il a écrit simplement tout haut ce qu’une majorité silencieuse pensait tout bas à l’époque.

 

Enfin il dédie le tout à Alain B. qui fut de son vivant un pêcheur de perles particulièrement actif et prolifique sans oublier Henri M. qui piqua de somptueux roupillons au S.A.T, il s'est suicidé  et repose en paix depuis, pour l’éternité.

  

(X) Fournisseur exclusif des tous premiers terminaux informatiques

 

  

L’ENTREE DES ARTISTES


 

Henry PLOTTER s’est réveillé très tôt en ce vendredi 30 octobre 1981.

 

C’est le dernier jour de la semaine, du mois et c’est la paye.

 

Rien d’extraordinaire cette fois sur le bulletin de salaire du côté de la case Net payé si ce n’est une augmentation âprement négociée par les partenaires sociaux de 0,04 % avec effet rétroactif mai 81 : une broutille mais peu importe, puisque la Gauche vient de prendre les affaires en main, que tout va changer, qu’on va baiser le grand capital et raser gratis !

 

Il fait très froid, SAINT ETIENNE s’ébroue dans la fumée des échappements, sans qu’il sache trop pourquoi, un vers de BEAUDELAIRE lui revient à l’esprit : 

« Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ».

 

 

 

 

Les gens se hâtent en tous sens et se croisent, sans même se voir.

 

Les trottoirs sont luisants de pluie, les tramways entament leur ronde infernale, accrochant au passage  une gerbe d’étincelles bleutées au fil d’Ariane qui les guide et qu’ils effleurent de leurs caténaires.

 

Henry PLOTTER allume une cigarette : la première de la journée, il aspire goulûment la fumée.

 


 

L’immeuble cossu qui abrite la banque ressemble étrangement à un paquebot échoué dans la brume opaque.

Sur son étrave, en lettres de feu : les trois lettres du sigle BNP.

Henry s’engouffre sous le porche en sifflotant : il est sept heures 55 minutes.

 

- 30 Octobre 1981 - 8 Heures.

 

Les diodes rouge, verte, jaune clignotent et scintillent en alternance, accrochées comme des lucioles incandescentes aux boîtiers métalliques des premiers terminaux informatiques dont vient d’être dotée la succursale.

 

C’est l’heure tranquille où l’U.C (1) s’éveille en ronronnant, c’est l’instant pathétique, sublime, merveilleux où les entrailles synthétiques des computers crépitent et palpitent.

Une odeur tenace de bakélite chaude plane sur ces nécropoles numériques dédiées au logiciel et au séquentiel.

Les puces alignées au cordeau sur leurs cartes électroniques, ressemblent à de minuscules pierres tombales de marbre noir, on dirait le cimetière du père LACHAISE vu d’avion : dédale de tombeaux et de monuments funéraires baroques sur lesquels sont gravés des codes ésotériques, comme autant d’épitaphes mystérieuses.

 

Chacune attend sagement son infusion bienfaisante d'électrons.

Il faut préciser qu’en cette fin d’année 1981, l’informatique balbutie ses premiers bits (2) et les imprimantes à aiguilles crachotent en hoquetant leurs premiers listings.

 

Les plus au fait des nouvelles technologies se mettent à parler haut et fort, de HARD, de SOFT, de DRIVE, de FLOPPY, de RESET et de BOOT, ça ne mange pas de pain, ça pose son homme et ça impressionne l’aréopage des profanes, autrement dit : la majorité silencieuse.

 

 (1) Unité de Contrôle des années 80 - Grosse armoire informatique constellée de voyants et reliée par d'énormes modems au Central informatique basé à ECULLY : l’ancêtre obèse de nos serveurs actuels.

 

 

 

 

Les disquettes souples de 5 pouces ¼ ont des allures de disques 45 tours.

Rétrospectivement, il faut bien reconnaître qu’après bien des atermoiements, des hésitations mâtinées de doutes existentiels, les employés réticents se laissèrent convertir non sans renâcler, aux premières saisies par lots qui remplaçaient avantageusement les travaux d’écriture des ronds de cuir besogneux immortalisés par Feydeau.

Il régnait malgré tout, en coulisses, comme chaque matin que la BNP et DIEU créaient chacun de leur côté, une atmosphère indéfinissable et quasi-mystique : mélange subtil de recueillement, de scepticisme, d’angoisse et de stress.

 Les vieux briscards du compte caisse et de la caisse enregistreuse, les virtuoses de la méthode du SOIXANTE (3), les routiers de la balance carrée (4), les piliers de chambre de compensation (5) avaient tous la gorge quelque peu nouée, ils ressentaient les premiers symptômes d’une allergie si tenace que bon nombre d’entre eux ont conservé de nos jours, malgré des soins palliatifs prodigués par les gourous du B.R.O (6), d’inquiétants et douloureux stigmates.

 

 - 30 Octobre 1981 - 8 heures 03.

 

Toute la tension nerveuse accumulée à grand renfort de soupirs, s’évanouit comme par enchantement, les nerfs noués en pelote se dénouent progressivement pour faire place à du dépit et à de la résignation.

La sinistre pensée informatique du jour annonciatrice du bug quotidien vient de s’afficher, une fois de plus, sous la forme d’un message laconique, en lettres blanches qui scintillent  sur un  fond d’écran noir : A.T.L LIAISON CTI COUPEE (7)

 

(2) Unité de mesure en vogue chez les informaticiens.

(3)(4) Outils de comptabilité aujourd'hui dépassés.

(5) Local mythique de la Banque de France où se réunissent, dans la joie et la bonne humeur, chaque jour (ouvré) que l'AFB (Association Française des Banques) bénit, tous les garçons de recette des banques de la place, pour échanger des appoints plus ou moins brûlants (Effets de commerce dont l’échéance est proche).

(6) Bureau Régional d’Organisation de la BNP chargé de la formation professionnelle accélérée des uns et des autres.

(7) Message laconique et lapidaire équivalent à l’actuel et déjà tristement célèbre : Veuillez nous excuser, Windows a rencontré une erreur et doit fermer.

 

 

(A SUIVRE)

 

 



17/12/2011
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