BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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FONDS COMMUN (33)

 

LE SYNDROME DE L'URTICAIRE

(33)

 

 

 

 

 

QUI VEUT GAGNER DU FONDS COMMUN

 

 

Le fonds commun était aux employés de la BNPPARIBAS ce que le denier du culte est aujourd'hui aux ecclésiastiques : un revenu occulte à géométrie variable.

 

Cette manne quasi divine qui tombait dans l’escarcelle des Technico-Commerciaux selon une périodicité aléatoire était générée par leurs frères d’armes : les vaillants Commerciaux chargés de harceler sans relâche les clients pour leur vendre les produits maison.

Elle était directement proportionnelle à leur activité, à leur production et variait selon les statistiques officielles peu fiables de 500 francs à 5000 Francs par trimestre.

 

- Pourquoi revenu occulte ?

 

Parce que ce trésor de guerre était réparti une fois par trimestre, en catimini, dans la plus grande discrétion, comme s’il s’était agi des fonds secrets d’une officine mafieuse ou d’argent sale.

Réparti entre les employés les plus consciencieux, les plus méritants et les plus besogneux, du moins c’est ce qui se disait officiellement.

 


Il s’agissait paraît-il des trois critères sévères qui étaient retenus.

 


Le fait de publier une liste nominative des heureux récipiendaires aurait pu provoquer immanquablement des querelles intestines d'une violence qu'on n'ose à peine imaginer et des émeutes : les uns s'estimant injustement floués jalousant les autres copieusement arrosés, donc Motus, Bouche Cousue et discrétion de rigueur !

 

Ces Stock-Options du pauvre, pour occultés qu'ils étaient, n'en figuraient pas moins sur les bulletins de salaire, ils étaient versés en fin de trimestre et étaient soumis à l'impôt sur le revenus.

 

Etaient exclus arbitrairement de cette distribution de pesetas, les agents qui avaient été obligés de s’absenter plus ou moins longuement pour raison de santé et ce quelle que soit la nature et la gravité de l’affection qui les avait frappé durant le trimestre pris en référence pour le calcul du Fonds Commun..


Echappaient également à ce saupoudrage inique : les tire au cul facilement reconnaissables à leur comportement désabusé, les quelques objecteurs de conscience qui se souciaient encore de la déontologie et vendaient à bon escient les bons produits aux bons clients, les empêcheurs de commercer en rond, les originaux, les contestataires, les provocateurs, les lymphatiques, les pervers et les allergiques à la « sauce financière ».

 


Evidemment si l’on se contentait de prendre pour argent comptant, la définition surréaliste qui avait été donnée par la direction aux partenaires sociaux :

  « Le fonds commun est rattaché à une action qui n’est pas ordinaire, par conséquent celui qui fait son travail normalement n’est pas destinataire du fonds commun » !

(fin de citation) et si l’on considère que 99 % des Technico-Commerciaux effectuaient normalement et correctement les tâches qui leur étaient confiées, on pouvait donc en déduire raisonnablement au prix d'un petit calcul que seulement 1% des employés qui oeuvraient ici ou là en travaillant d’arrache-pied 26 heures sur 24, 8 jours sur 7 en défiant les lois qui régissent les 35 heures, toucheraient du fonds commun soit 2,6 personnes sur un effectif moyen de 260 employés dans le groupe.


Il fallait encore malheureusement pondérer ce constat extraordinaire car ces 2,6 élus théoriques devaient pour émarger à ce saint Fonds, avoir accompli durant le trimestre écoulé, en plus d’un horaire qu’on imagine démentiel, un fait d’armes extraordinaire, une performance commerciale ou administrative remarquable, un exploit physique hors du commun digne de figurer dans le journal du Groupe, pour être sélectionné par un jury sévère, impartial composé du "SEUL" chef de service et emporter la cagnotte : c’était le "MAILLON FAIBLE" revisité par BNPPARIBAS .

 

A la lumière de ce qui vient d’être énoncé, chacun pouvait désormais, dans ce BACK-OFFICE où il végétait  et croupissait, mesurer la distance qu’il lui faudrait parcourir et l’intensité des efforts qu’il lui faudrait déployer, inutile de préciser que pour tout « Employé de Table », devenu Agent Technico-Administratif à la « force du poignet » en suant sang et eau (1),  le challenge paraissait insurmontable.

 

(1) C'est une IMAGE !

 


Honnêtement, que pouvait il faire QUI SORTE quelque peu de L’ORDINAIRE, dans le cadre de se activités quotidiennes pour être à la fois remarqué et distingué par une hiérarchie égoïste et frileuse qui se préoccupait d’avantage de son quant à soi, de son paraître et de son plan de carrière que des états d'âme ou de l’assiduité au travail d’un sous-fifre du BACK-OFFICE ?

 

 


Il aurait pu évidemment après avoir convoqué l’état-major, le Comité Hygiène Sécurité, les membres du C.E, l’Assistante Sociale, un Huissier assermenté et le SAMU local, tenter à ses risques et périls, une saisie informatique avec les oreilles, la tête en bas, en équilibre sur une chaise à roulettes posée sur un bureau branlant, l’index de la main gauche enfoncé dans l’anus d’une collègue tout en récitant les onze engagements de la BNPPARIBAS !

Ou bien encore, dans un grand élan d’altruisme et de générosité, renoncer spontanément à ces jours de congés et de RTT qui lui tenaient tant à cœur, pour remplacer au pied levé son chef de service bien aimé et lui permettre ainsi de partir en cure de désintoxication à la BOURBOULE.

Il aurait  pu  également se porter volontaire en urgence humanitaire pour repeindre à titre gracieux, pendant ses week-ends les locaux insalubres qui abritaient les archives du BACK-OFFICE, inviter le R.G.R.H à la Communion du petit dernier ou accompagner ses bons vœux de fin d’année au CHEF DE GROUPE d’une caisse de Château Margaux 1947.

 

Quand la célèbre pointeuse ou "BADGEUSE" fit son apparition, les compteurs virtuels furent remis à zéro et le petit personnel besogneux perdit une possibilité essentielle d’attirer l’attention des autorités sur son triste sort.

 

En effet, si l'employé "larvaire" pouvait impunément avant l’apparition de cette badgeuse, arriver très tôt le matin, sortir très tard le soir et se priver volontairement de pause déjeuner sous le prétexte évidemment fallacieux d’un surcroît de travail, ce temps béni par les stakhanovistes amateurs d’heures supplémentaires prit fin, chacun étant désormais prisonnier d’un carcan rigide qui l’obligeait à effectuer en 7 heures un certain nombre de tâches qui ne demandaient en fait que 3 ou 4 heures à vitesse réduite mais qui s’accomplissaient jusqu’à présent dans un climat délétère et laxiste en 2 ou 3 jours.

 

Tout fout le camp.

 

 

 

CONCLUSION

 

Les progrès technologiques et l’électronique firent perdre à ce prototype d'employé faussement assidu et pugnace qu'on ne trouvait qu'à la BNPPARIBAS, la rémunération d’heures supplémentaires naturellement injustifiées et une participation au fonds commun qui allait de soi puisqu’une telle assiduité virtuelle et un tel entrain ne pouvaient qu’émouvoir et attendrir la hiérarchie.

 

 

 

 

(A SUIVRE)

 



31/01/2012
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