BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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LE FONDS DE COMMERCE (7)

 

 

 


LE SYNDROME DE L'URTICAIRE (7)

 

 

LE FONDS DE COMMERCE

 

 

 

 

 

 

Emporté, chahuté, ballotté comme un fétu de paille par les déferlantes conjuguées d’un mercantilisme saprophyte (1) et d’un marketing balbutiant, Henry s’est lancé dans le commerce à son corps défendant. C’était ça ou le BACK-OFFICE. (2)


Il faut savoir que les clients représentent pour la banque un gigantesque FONDS de commerce qu’il faut exploiter, ce FONDS est lui-même divisé en SOUS-FONDS et tous ces SOUS-FONDS sont attribués plus ou moins arbitrairement à une armée mexicaine d’exploitants (commerciaux) aux dents longues à qui l’on assigne des objectifs stratégiques à réaliser impérativement.

 

Après que les plus grands prêtres de la secte YACA et FAUCON (3) lui aient inculqué quelques rudiments de psychologie appliquée aux affaires et qu’il ait été soumis à une batterie de pseudo-tests psychotechniques on l’a obligé à tenir boutique.

 

 

Il est depuis inscrit au registre du commerce version BNP sous le N° 33 et possède comme chacun de ses collègues disposés en arc de cercle derrière un guichet antédiluvien de formica, sa boite de contreplaqué où sont rangées et classées soigneusement, par ordre alphabétique, sept à huit cents fiches.

 

 

 

Ces quasi-fiches de police recensent les femmes et les hommes qui constituent paraît-il, la matière et la substantifique moelle de son fonds de commerce.

Il thésaurise ainsi contraint et forcé, au fil du temps qui passe, dans cette cassette de bois dont Prévert eut apprécié le contenu hétéroclite : des sollicitations, des entrées en relation, des relations particulières, d’affaire, durables ou éphémères, des prises de contact et des contacts encourageants, chaleureux, prometteurs, des promesses de gascon, des visites inopinées, impromptues, de courtoisie, des rencontres brèves, informelles, exploratoires, des rendez-vous manqués, des revoir, en octobre, en décembre, en mars ou jamais, des au revoir, des adieux, des concrétisations à l’arraché, des placements de père de famille, des contrats en béton, des résultats tangibles, des invitations à souscrire, des constats d’échec, des travaux d’approche, des affinités électives, des arguments percutants, des atomes crochus, des reconnaissances prudentes, des réflexions désobligeantes, des agressions verbales, des manœuvres d’encerclement, des joutes oratoires, des échanges d’arguments, des peut-être, faut voir, faudrait voir, je vais réfléchir, pas dans l’immédiat, ça paraît intéressant, je vais en parler à ma femme, à mon mari, c’est trop long quatre ans, c’est pas moi qui décide, faut déclarer les intérêts, si je meurs ? Oui mais c’est bloqué, ça rapporte rien ou quasiment, où c’est qu’y faut signer ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Bref il est sensé arpenter sans relâche avec une obstination toute relative, cette espèce de jardin exotique, luxuriant et secret, il le défriche, sarcle, bine, pioche, ensemence, arrose abondamment de cartes de visites où sa qualité « D’ATTACHE A LA DIRECTION DE LA BANQUE NATIONALE DE PARIS » est sensée impressionner le chaland qui jettera l’ancre à son guichet si toutefois le message qu’il lui a envoyé est reçu cinq sur cinq.


  

Comme on sépare le bon grain de l’ivraie, il sépare sans états d'âme particuliers, le quidam sélectionné à « L’AISE DANS SES LIVRETS » du client bas de gamme tout juste solvable et forcément inintéressant pour tout chasseur de commissions soucieux de bien figurer dans le classement trimestriel des exploitants qui est à la BNP ce que leWHO'S WHO est à la JET-SET et le classement ATP au tennis de compétition.

 

 

 

(1) Végétal qui tire sa nourriture de substances organiques en décomposition.

(2) BACK-OFFICE : Réserve où sont parqués les Agents Administratifs.

(3) Secte très influente au sein de la BNP qui rassemble des pseudo managers éminents de toutes confessions, fervents adorateurs du dieu "FAUCON" et de la déesse "YACA".

 

 


 

 

 

 

Le premier est élevé en serre, comme une orchidée du Bengale, bénéficie de soins intensifs, de considération distinguée, de sollicitude et de chaleur humaine, s’il souscrit et investit régulièrement sans rechigner, il se voit remettre solennellement, en fin d’année, dans un box et en CATIMINI (1) un calendrier grand plateau soigneusement emballé afin que ce cadeau royal ne suscite la jalousie et la convoitise de tous ceux qui font le pied de grue pour retirer les deux ou trois cents francs qu’ils n’ont pas : bref un traitement de choc pour client chic.

 

Quant au second, il attend patiemment dans le hall où il prend racines, l’instant béni où il sera enfin reçu par le « RESPONSABLE D’AVANCER L’ARGENT » (2) ou son adjoint M. SCHRIVENER (3) et s’étiole.

 

 

 

  

(1) Etant donné le nombre décroissant de ces gadgets, l’exploitant qui offre un agenda ou un calendrier à un client trié sur le volet, s’entoure d’un tel luxe de précautions et d’un tel halo de discrétion, que cette remise de babiole se transforme en un cérémonial  quasi-religieux.

(2) Qualificatif employé par un interdit bancaire notoire pour désigner l’employé chargé de la gestion des comptes débiteurs.

(3) Effectivement demandé par un débiteur patenté relativement imbibé. Un autre habitué du découvert chronique, qui proclamait quant à lui son bon droit,  n’hésita pas à faire un scandale dans le hall dont tout le monde se souvient et à  se réclamer de la loi SCRIPTUM (SCHRIVENER). Il faut savoir que le parlementaire SCHRIVENER est passé à la postérité en faisant voter une loi qui régit le surendettement.

 

 (A SUIVRE)

 



20/12/2011
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