BREVES EN FOLIE : LE SEUL BLOG OU LE FOND PRIME SUR LA FORME

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LES SEMINAIRES (21)

 

LE SYNDROME DE L'URTICAIRE

(21)

 

 

 

 

 

 

 

LES REPAS DE SEMINAIRES

 

 

Ces repas qui ponctuent traditionnellement toute réunion ou séminaire qui se respecte évoquent irrésistiblement la Cène. (1)

 

Il y règne une atmosphère mystique et quasi-religieuse. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un ange passe en rase-mottes, au-dessus de la Sainte Table.

Pour un peu on vous ferait réciter le BENEDICITE, le NOTRE PERE, les onze engagements de BNPPARIBAS, chanter des psaumes et des cantiques !

 

Si vous êtes un adepte de métaphysique doublé d’un amateur d’émotions fortes, arrangez vous pour vous asseoir à la droite d’un supérieur hiérarchique de poids et d’envergure possédant cela va de soi, un certain nombre de pouvoirs de décision.

Vous ne devriez pas avoir en principe de problèmes particuliers pour vous retrouver à ses côtés. Hormis quelques fayots congénitaux coutumiers du fait  et quelques petits cadres larvaires qui auront eu la même idée que vous et avec lesquels, il vous faudra composer et rivaliser de promptitude, les autres participants à ce repas d’affaires se seront empressés de prendre les meilleures places : les plus éloignées de lui !

 

Une fois installé confortablement à la droite de son altesse sérénissime, n’engagez surtout pas la conversation mais attendez sagement, la serviette autour du cou, la fourchette à la main, qu’il donne le TON, le LA et le TEMPO.

Pour attirer son illustre attention vous pouvez la jouer simple en vous goinfrant comme si vous n’aviez pas mangé depuis huit jours ou bien alors à contrario, refuser poliment mais fermement tous les plats sous un prétexte fallacieux dont  nous reparlerons plus loin.

 

 

(1) Casse-croûte offert par Jésus Christ à ses apôtres.

 

 

Vous pouvez également la jouer « TRASH »,  choisir une voie extrême et pourrir l’atmosphère en lançant à la cantonade que « la bouffe est dégueulasse et que la carte est nettement plus fournie aux RESTOS DU COEUR ou au MAC DO ! »

Vous pouvez aussi l'interpréter « ALCOOLO » et faire honneur à cette réputation bien établie de boit-sans-soif qui vous poursuit et vous précède en déclamant des chansons paillardes avant de rouler sous la table ivre mort au dessert.

Par charité chrétienne et dans un souci de neutralité, nous ne prendrons pas parti mais pour nourrir ce débat ô combien métaphysique, nous  tâcherons simplement de vous aider en vous apportant quelques éléments susceptibles de guider votre action en ces circonstances bien particulières.

 

- Première Hypothèse : Vous avez choisi de vous goinfrer.

 

1) Vous vous servirez abondamment sans vous préoccuper des regards d’effroi que vous jetteront vos collègues, vous réclamerez à cor et à cri, du pain, des épices, de la sauce et à boire.

2) Vous vous extasierez bruyamment sur la qualité des pieds de porc et réclamerez ostensiblement du rab.

 3) Vous n’oublierez surtout pas de ponctuer vos grognements de satisfaction par quelques rots bien tempérés.

Pour peu que l’acoustique de la salle s’y prête, vous aurez droit en retour à de superbes échos qui ne manqueront pas de scandaliser les convives.

 

Le rot étant considéré chez nos amis d’Outre-Rhin comme la marque d’une exquise délicatesse et comme un témoignage chaleureux de reconnaissance adressé à la maîtresse de maison, vous pourrez toujours vous justifier en vous inventant des ancêtres teutons du côté du BAD WURTENBERG, ce que personne ne songera à contester.

 

Votre voisin qui s’efforçait de maintenir entre vous et lui une distance respectueuse, hiérarchie et QI obligent, ne pourra rester insensible très longtemps à un tel étalage de mauvais goût. Selon toute vraisemblance il ne tardera pas à vous faire part avec la plus grande fermeté de son étonnement et de sa réprobation.

Vous lui glisserez alors dans l’oreille avec des sanglots dans la voix, qu’avec en permanence à la maison :  une femme  de trente ans acariâtre, frigide et mythomane, une belle-mère névrosée qui souffre à la fois d'incontinence urinaire et de la maladie d’Alzheimer, trois gosses en bas âge, un boxer vieillissant, six perruches, un mainate, un chat persan et un élevage de poissons rouges, il ne vous est guère possible financièrement, de manger tous les jours à votre faim et qu’il vous faut nécessairement faire des choix douloureux et drastiques.

Le but de ce discours pathétique étant, vous l’aviez tous compris, d’émouvoir ce voisin de table prestigieux et de titiller l’être humain qui somnole tant soit peu en lui.

Vous pourrez évidemment si l’inspiration divine guide votre pinceau, passer une ou deux couches supplémentaires sur cette fresque apocalyptique et misérabiliste.

Si vous avez su trouver les mots justes pour plaider votre cause, vous repartirez neuf fois sur dix avec la promesse d’une inscription au prochain tableau d’avancement.

Il y a cependant de fortes chances pour qu’à peine rentré chez vous le soir, vous soyez la victime d’une formidable indigestion comme on n’en fait plus.

Quand  vous vomirez des queues d’asperge et des débris de moules de bouchot  dans la cuvette des W.C, vous aurez la satisfaction incommensurable de penser que c’est bien la première fois en vingt ans de carrière que vous vous sortez les tripes pour avoir une promotion !

 

- Deuxième hypothèse : Vous avez choisi l’abstinence et l'angoisse métaphysique.

 

L’attitude que nous vous suggérons d’adopter maintenant est certainement plus frustrante que la précédente puisqu’il va s’agir pour vous de refuser systématiquement en grimaçant tous les plats qui défileront et qu’on vous présentera.

Devant tous ces refus à répétition, votre voisin nécessairement intrigué, ne manquera pas de s’interroger et vous questionnera sur les raisons cachées de cette inappétence.

Ce sera le moment d’utiliser vos dons de comédien en lui répondant sur le ton de la confidence que vous êtes sincèrement affecté et profondément perturbé par la lente érosion de la position de place de la BNP, que votre coefficient de pénétration personnel n’est pas ce qu’il devrait être malgré les efforts intenses que vous déployez, que votre fonds de commerce fout le camp inexorablement, bref que vos affaires qui furent en leur temps, les plus florissantes du groupe, s’étiolent et périclitent.

 

Vous lui confierez que tout cet environnement défavorable affectant naturellement vos commissions trimestrielles, votre mental et votre ego, vous traversez une période de spleen et de stress qui se traduit par une très grosse anémie certifiée conforme par votre médecin de famille.

Il se peut, c’est un risque à courir, que la première réaction de votre interlocuteur soit une réaction d’incrédulité, qu’il hausse les épaules, se gausse intérieurement et reprenne de la tête de veau en baillant ce qui aurait pour effet de vous laisser pantois, penaud et GROSJEAN comme devant.

Le Gigondas aidant, il y a quand même de fortes chances pour que saisi par une émotion non feinte, il prenne en "compte" votre pseudo désarroi et fasse procéder dès le lendemain, à une redistribution de la clientèle accompagnée, en ce qui vous concerne, d’un changement substantiel de coefficient.

  

Troisième et dernière Hypothèse : Vous vous saoulez la gueule.

 

Nous vous déconseillons formellement cette extrême  option car vous pouvez vous attendre dès le lendemain sans sommations et sans formation préalable évidemment à être muté au courrier pour occuper le poste très envié et recherché de vaguemestre (1) .

 

 

 


(1) Militaire chargé du courrier à la caserne.

 

 (A SUIVRE)



12/01/2012
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